Thakhek- Veun Kham:

Du 17 février au 8 mars :

Je passe mes deux derniers jours à Thakhek en compagnie de Jo et Filipa, rencontré via Couchsurfing. Ces deux jeunes allemandes sont venues passer un an au Laos en tant que professeurs d’anglais volontaires. Le 20 février la route m’appelle de nouveaux, je quitte, non sans difficultés, la compagnie de mes deux hôtes et me dirige vers le sud et la ville de Paksé, aux portes du Plateau des Bolovens. La route est plate et de bien meilleur qualité que dans le nord ce qui me permet de reprendre un bon rythme. Je passe trois jours sur la route trouvant chaque soir un nouveau temple où passer la nuit. Mon vocabulaire Lao s’enrichit au fur et à mesure de mes rencontres et me facilite beaucoup le contact avec la population locale. J’aime beaucoup cette langue, sa syntaxe épurée rend son apprentissage et sa pratique très agréable.

Le 24 février, j’arrive à Paksé. Je suis rapidement déçu de cette ville que j’avais imaginée charmante à l’instar de Luang Prabang. La ville entière semble être en chantier, la poussière et les détritus son omniprésent. Je passe une première nuit installé dans l’enceinte d’un temple, à même le béton, devant les appartements des novices. Dans les grandes villes  les moines sont en général moins hospitalier que dans les villages.  Le deuxième jour je fais la rencontre d’Anna et Magnus, un couple anglo-américain venus passer leur lune de miel en Asie du Sud Est. Très vite le courant passe, je leur raconte mes aventures autour d’une Bier Lao et spontanément ils m’invitent à la piscine de leur hôtel ! Quelle joie de pouvoir se baigner dans une eau légèrement plus propre que le Mékong ! Le soir venu ils me font la surprise de m’inviter à prendre un bain dans leur chambre et d’y passer la nuit ! Je m’endors donc au 9ème étage du Grand Hotel de Paksé avec une vue imprenable sur le Mékong et la ville. J’aime cette façon de voyager avec une organisation et une planification minimales qui laissent une place maximale pour ces belles surprises.

Le 25 février, je me remets en selle et attaque la boucle des Bolovens. Sur la route je m’arrête dans un temple aux allures de petit Zoo, là je fais ma première rencontre avec deux Gibbons dont un blanc !  La première partie de la boucle, de Paksé à Paxsong, est parsemée de cascades magnifiques, parmi celles-ci, Tad Fan, une des plus hautes d’Asie avec ces 198 m de chute ! La température grimpe de plus en plus et les bassins creusés par la pression de l’eau sont un vrai réconfort lorsque je m’y arrête pour piquer une tête.

Le 26 février sur un chemin accidenté je casse trois rayons et voile mes deux roues, je passe donc la fin de journée à Paksong pour réparer. Le soir je rencontre un groupe de Lao avec qui je passe une très bonne soirée et est invité chez l’un d’eux pour y passer la nuit, mon après-midi mécanique auras tout de même eu une fin heureuse !

Le 27 février, je commence la journée avec un Café Lao, qui en plus d’être délicieux me donne « une pêche d’enfer ». Les laotiens ont l’habitude de le préparer avec du lait concentré ce qui lui donne une texture crémeuse et un goût succulent. Dès ma sortie de Paksong, je tombe sur une gigantesque plantation de café, ces petits arbustes plantés en lignes interminables me font penser, avec un brin de nostalgie, aux vignobles français… Sur le plateau des Bolovens la végétation change, les forêts sont moins denses et par conséquent moins oppressantes, des arbres plus familiers font leurs apparitions tel que des pins. Toute la région semble mobilisée autour de la production et l’élaboration du café, la route est bordée de graines de café se faisant rôtir au soleil sur de grandes bâches. En fin d’après-midi j’aperçois régulièrement des enfants entre les branches des caféiers, chargés d’en faire tomber les fruits. Au bout de 100 km j’arrive à Sékong et après avoir été invité à partager quelques Bier Lao avec des locaux, je m’endors dans le temple de la ville sur un lit de camps prêté par les novices, quel luxe !

Le 28 février, à mon arrivé à Tad Lo, un des repères touristiques de la boucle, j’assiste à une cérémonie de crémation. Le spectacle est grandiose ! A l’inverse de nos enterrements où la tristesse est palpable, ici je ne vois pas de peine sur le visage des gens. Tout le village est convié à la « fête », les chants et les mantras des moines emplissent l’atmosphère et rapidement des flammes provenant d’un énorme bucher dansent à 5 m de hauteurs. La vie est douce à Tad Lo. Dans une ruelle, non loin d’une magnifique chute d’eau, se trouve 5 ou 6 guest houses où sont logés moins d’une trentaine de voyageurs par soir. Ces touristes conviviaux, jeunes et respectueux des mœurs locales me réconcilient, pour un temps, avec le tourisme sud-est asiatique. Je passe deux belles soirées, entre conversations enflammées et parties de pétanques, dans ce havre de paix quelque peu hors du temps.

Le 1 mars, la boucle est bouclée, j’arrive à la tombée du jour  à Houy Phek, un village situé à 4 km à l’ouest de Paksé. Là, je me rends dans un orphelinat catholique recommandé par un couple de français très sympathique rencontré à Tad Lo. Je m’arrête devant l’église et suis instantanément accueillie et  invité à diner par la sœur Marie Blandine, la responsable des lieux. Après un succulent repas et  une bonne douche, je m’endors épuisé dans un local de la paroisse. Le lendemain je visite le village et l’église tout en écoutant la sœur Marie Blandine me raconter son histoire.  Pendant la guerre du Vietnam, sœur Marie Blandine qui est vietnamienne s’exile au Laos. Dans les années 80, elle prend en charge le village de Houy Phek. Ce village est un refuge pour toutes les personnes chassées des alentours. La situation n’est pas facile, de nombreux alcooliques, des drogués et également d’anciens criminels. Grâce à son courage, sa détermination et sa foi ce petit bout de femme va réussir à mettre tout le monde au travail, elle rénove l’église ainsi que l’orphelinat et met les enfants du village à l’école. Aujourd’hui la situation s’est améliorée mais la paroisse manque toujours de moyens pour subvenir aux besoins des orphelins  et également payé les employés d’une multitude de petits commerces créés par sœur Marie Blandine. Le courage et le dévouement de cette « sœur Theresa du Laos » m’emplit d’admiration.

Le 3 mars, je quitte le village ragaillardie par ce bel exemple d’amour de courage et d’espoir. Après 40 km j’arrive à Champassak, située sur la rive ouest du Mékong cette ville est la capitale de l’ancien royaume du même nom. La multitude de temple ainsi que la vue imprenable sur le fleuve visible depuis de nombreux restaurants, en font un endroit charmant.

Le 4 mars, je me rends au Vat Phou, site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Cet ensemble religieux d’architecture Khmère et de religion indouiste date du V siècle Ap JC. Le site est situé au pied d’une montagne et l’identification du point culminant, le Phou Kao, à un Linga (symbole phallique de Shiva), a contribué à sa réputation de montagne sacrée. Après deux heures de visite dans un dédale de ruines je me remets en selle avec en tête d’atteindre les 4000 îles avant la tombée de la nuit. De l’autre côté du Mékong, rive ouest, la route est moins pratiquée mais moins praticable. Sur une distance de 65 Km, je roule sur de la piste et me nourris de poussière et de terre.  A l’approche des forêts, ça chauffe, les locaux brulent d’énormes parcelles pour préparer les prochaines cultures, mon régime s’agrémente de cendres. Le spectacle est grandiose mais également tragique… Le soir j’arrive à Moulapamok, un des derniers villages le long du Mékong avant de prendre le ferry vers Don Kong et les 400 Iles. Dans un restaurant je rencontre un groupe de locaux qui m’invitent à diner avec eux. Je termine la soirée avec mes amis dans un Karaoké où avec la bénédiction du propriétaire, Max, je serais le Dj d’un soir !

Le lendemain j’atteins Don Kong, l’île principale de la région des Si Pan Don (4000 îles), là je rencontre Gabriel, un voyageur français, qui me propose de louer une barque avec lui pour visiter les îles aux alentours. Je trouve l’idée géniale et le jour suivant nous embarquons ! J’accorde un peu de repos à mes jambes et sollicite mes bras pour pagayer. Nous voguons d’îles en îles pendant deux jours aux grés des courants et de notre force physique. Les décors sont magnifiques des plages de sable fin, précèdent des villages de pêcheurs et des parcelles de champs dans les terres. Nous contemplons avec admiration, au coucher du soleil,  les derniers lancés de filets exécutés avec perfection par des pêcheurs, en équilibre, tel des funambules, au bout de leurs barques.

Le 8 mars, après un séjour qui auras durée plus de 2 mois, je fais mes adieux au Laos. Je reprends la national 13, située rive-est du Mékong, et me dirige vers Veun Kham. Avant de passer la frontière, le pays du million d’éléphants m’offre son dernier cadeau, le spectacle éblouissant des chutes de Khone Phapheng (plus gros débit d’Asie du sud-est).

A bientôt sur les routes Cambodgiennes !

En Résumé :

17/02 : Thakhek
18/02 : Thakhek
19/02 : Thakhek
20/02 : 15 km
21/02 : 110 km
22/02 : 100 km
23/02 : 110 km Pakse
24/02 : Pakse
25/02 : 20 Km
26/02 : 40 km Paksong (réparation trois rayons)
27/02 : 100 km Sékong
28/02 : 50 km Tad lo
29/02 : Tad lo
01/03 : 80 km Houy Phek
02/03 : Houy Phek
03/03 : 30 km Champasak
04/03 65 km Mounlapamok
05/03 : 50 km Muang Noy Don Kong
06/03 : Pirogue
07/03 : Pirogue
08/03 : 70 km passage de la frontière cambodgienne

Thakhek- Veun Kham 790 km

Total depuis le début 8748 km